C’est ce que vous pourrez vivre en arpentant le GR6 de Figeac à Rocamadour. Considéré comme l’une des plus belles variantes sur les chemins de Saint-Jacques, ce sentier moins fréquenté que le GR65 a le charme de l’inédit. Véritable immersion lotoise, il conjugue villages de charme, paysages emblématiques et curiosités naturelles, jusqu’à son apothéose : l’arrivée saisissante à Rocamadour, à pied comme les pèlerins du Moyen Âge. Serrez vos lacets, nous partons pour 53 km de nature, de beauté et d’authenticité.
Ma randonnée sur le GR6 de Figeac à Rocamadour
Cheminer à travers les causses du Quercy jusqu’à l’un des plus beaux sanctuaires de l’Europe médiévale.Avant Figeac
L'arrivée des marcheurs dans le LotLe chemin vers Saint Jacques de Compostelle est un long périple, et nombre de marcheurs traversant le Lot ont déjà des kilomètres dans les semelles. Si vous arrivez à Figeac par le GR65 après être partis du Puy-en-Velay sur la via podiensis, vous aurez déjà cheminé à travers la Haute-Loire, la Lozère et l’Aveyron, avant d’entrer dans le Lot au niveau de la très belle Croix des Trois Evêchés. Ici à la croix, l’Aveyron et le Cantal rencontrent le Lot, pour un dernier panorama sur les sommets du nord avant de continuer en pays lotois. C’est le point de bascule entre les montagnes du massif central auvergnat et les grands causses ensoleillés de l’Occitanie – un lieu chargé d’histoire et une étape symbolique pour le marcheur !
Arrivé à Figeac, vous avez déjà parcouru 250 kilomètres depuis le départ du Puy-en-Velay, et vous vous retrouvez à la croisée des chemins entre trois voies. Choisirez-vous de continuer sur le GR65, de longer la rivière par la belle variante du Célé, ou de poursuivre sur la voie de Rocamadour ? Toutes sont belles, mais le GR6 ou Voie de Rocamadour a la beauté des sentiers moins fréquentés.
Puisque la plupart des pèlerins continuent sur les deux autres chemins, la voie de Rocamadour se montre plus secrète et inédite, tout en restant un vrai chemin de randonnée jacquaire, bien balisé, desservi par les sociétés spécialisées dans le transport de bagages, et abritant de nombreux gîtes d’étape. L’ambiance de Saint Jacques, mais version intimiste : c’est ce que nous propose le GR6 !
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Figeac, votre point de départ
Quel que soit le choix qu’on fasse pour la suite, Figeac est une halte incontournable. Figurant parmi les villes médiévales les mieux préservées de France, Figeac est une véritable machine à remonter le temps et elle nous émerveille par la beauté de son cœur historique. Il faut absolument prendre le temps de déambuler dans ses ruelles, de visiter les églises Saint-Sauveur et Notre-Dame-du-Puy, véritables capsules temporelles, ou encore de manger sur la grande place centrale devant le Musée des Ecritures. Nous nous mettons en chemin vers Rocamadour, qui fut un des plus grands sites de pèlerinage du Moyen-Âge : Figeac est une belle entrée en matière pour se plonger dans l’atmosphère médiévale !
Étape 1 : Figeac à Lacapelle-Marival via Cardaillac
20 kmCette première étape est facile et douce, une promenade entre les murets de pierres sèches, les forêts du Quercy et les villages lotois. Quelques kilomètres après Figeac, une autre pépite médiévale nous attend : Cardaillac, classé parmi les plus beaux villages de France. Au sommet de sa butte castrale, les trois tours qui trônent dans le ciel sont les vestiges d’une ancienne forteresse, que Richard Cœur de Lion tenta d’assiéger durant la guerre de Cent Ans. On monte dans la tour pour un panorama majestueux sur les causses du Quercy et les ruelles dorées de Cardaillac, qui abritent nombre de petites boutiques de charme, ateliers d’artistes, brocanteurs… Cardaillac est une halte pittoresque, c’est le moment parfait pour une pause déjeuner ! On repart ensuite dans un décor de forêts typiques de cette région. Les mousses et les lichens poussent sur les troncs des chênes, les cazelles emblématiques du Quercy se cachent dans les clairières, c’est un paysage d’une grande douceur, qui nous accompagnera souvent au fil de ce chemin. Le GR6 traverse le parc naturel régional des causses du Quercy et on s’habitue vite à la sérénité de ces bois lumineux. Cette étape est douce et bucolique : on longe un lac couvert de nénuphars et on croise les troupeaux de brebis…
L’arrivée à Lacapelle-Marival est superbe : le château, qui appartenait jusqu’à la Révolution à une grande famille occitane, trône au centre du village et jette ses tours dans le ciel de la fin d’après-midi. Si vous venez en été, peut-être aurez-vous comme nous la chance de tomber sur un soir de fête, et de goûter à un aligot géant sur la place principale ! Sinon, les pierres ocres et dorées, les maisons à colombages, les toits de lauzes, bref, cette merveilleuse architecture lotoise séculaire et préservée sauront rassasier au moins vos yeux…
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Étape 2 : Lacapelle-Marival à Gramat
21 kmQuelques kilomètres après le départ, nous arrivons à l’une des plus belles curiosités de la journée : l’église fortifiée de Rudelle. Son allure est étonnante : son clocher évoque un donjon, son chemin de ronde est équipé de créneaux et mâchicoulis qui rappellent davantage un château fort en ordre de bataille qu’une chapelle à l’heure de la messe. L’église a été fortifiée durant la guerre de Cent Ans pour protéger les villageois des assauts ennemis et a conservé fière allure !
Puis c’est de nouveau une étape très forestière, avec de ravissants murets de pierres sèches qui encadrent notre route, et de belles rencontres : plusieurs habitants ont choisi d’ouvrir leur porte aux marcheurs et de proposer un sirop, un jus de fruit, un café, en échange d’un don libre : c’est ce qu’on appelle sur le Chemin un « donativo ». Ils sont souvent là pour discuter : « vous venez d’où ? jusqu’où marchez-vous ? ». On croise au détour du sentier des autels improvisés, des croix, des prières, des chapelets, on discute avec les autres marcheurs, c’est l’esprit de Saint Jacques !
Gramat est de nouveau un superbe village lotois. Comme souvent dans la région du Quercy, la pierre et le bois se mêlent aux vignes courant sur les façades, pour un superbe cocktail de colombages, murs aux teintes chaudes et lauzes brunes d’où coulent les raisins mûris par l’été. Cette architecture intemporelle est d’une grande beauté, et Gramat a énormément de charme. Plusieurs gîtes et chambres d’hôtes chaleureux ouvrent leurs portes aux marcheurs dans ce village où il fait bon s’attarder !
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Étape 3 : Gramat à Rocamadour
12 kmC’est une petite étape, mais qui mérite d’être savourée : autant la marche que l’arrivée à Rocamadour sont somptueuses. Au départ de Gramat, on s’enfonce dans les gorges de l’Alzou à la rencontre d’un patrimoine millénaire. Au cœur d’une forêt fantastique, où l’humidité sculpte des guirlandes de mousses et un clair-obscur druidique, nous cheminons le long d’anciens moulins qui exploitaient la force de la rivière Alzou. Aujourd’hui à l’abandon, ces moulins en ruine sont de véritables cathédrales de la forêt, se mêlant au relief de la gorge et que le chemin traverse parfois, dans un étonnant labyrinthe de ponts et d’escaliers.
Cette étape est superbe, mais ce n’est qu’un avant-goût de la magie : soudain apparaît au loin la cité de Rocamadour, fermement amarrée à son rocher ! L’émotion est forte, tant l’aura de ce site est puissante. L’histoire de ce village est aussi extraordinaire que son architecture. Au XIIe siècle, on découvre dans le rocher le corps parfaitement préservé de Saint Amadour. La dévotion populaire envers Amadour en fera l’un des pèlerinages les plus incontournables de la chrétienté médiévale. Le roi Saint-Louis lui-même viendra ici en pèlerin, montant à genoux le grand escalier, comme le veut la tradition. En effet, Rocamadour (le rocher d’Amadour !) est une citadelle du vertige, où l’église, la crypte, les escaliers sont enchâssés à même la falaise. « L’espérance ferme comme le roc », telle est la devise du sanctuaire, et il faut décidément avoir la foi pour bâtir un tel défi à la gravité !
Il faut absolument prendre le temps d’explorer Rocamadour, de gravir le chemin de croix menant jusqu’au sommet du causse, et de s’imprégner de tous les récits qui nimbent le sanctuaire. Cette épée fichée dans la pierre ? Ce serait Durandal, l’épée du chevalier Roland. Cette vierge noire, entourée de bougies et de bateaux dans l’atmosphère obscure de la crypte ? Elle aurait sauvé nombre de marins du naufrage, et la cloche aurait retenti à chaque miracle au fil des siècles. Les marcheurs croyants recevront à l’issue de la messe la sportelle, l’emblème des pèlerins de Rocamadour, pour s’inscrire dans une longue lignée de voyageurs visitant ce sanctuaire unique. Majesté du site et force du mythe – qu’on soit religieux ou non, il est impossible de ne pas être saisi par l’atmosphère de Rocamadour !
A la tombée de la nuit, les foules de la pleine journée s’amenuisent et le village retrouve son calme. On entend alors résonner les cloches de l’église appelant aux vêpres, et les chants des fidèles montant dans l’obscurité… Fermez les yeux, vous êtes revenu au XIIIe siècle. De Figeac à Rocamadour, on ne se contente pas de marcher sur un (superbe) chemin : on voyage dans le temps…
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Et après Rocamadour ?
Les marcheurs souhaitant continuer après Rocamadour auront deux choix pour poursuivre leur chemin vers Compostelle :
La beauté du Lot mérite bien qu’on continue à user ses semelles !
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le blog de Itinera Magica