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Le fond du vallon
Le Toire s’écoule entre deux versants que tout oppose. L’un frais, humide et ombreux accueille des bois fournis de charmes, de tilleuls et d’érables champêtres. L’autre, longuement exposé au soleil porte des bois clairsemés d’arbres adaptés au sec et à la chaleur : Chêne pubescent et Erable de Montpellier.
Les berges du Toire accueillent le Peuplier noir, un arbre indigène devenu rare car supplanté par le peuplier de culture. Le sujet devant vous présente une écorce typique, noire et crevassée. Ses branches portent un jardin suspendu de mousses et de fougères qui y profitent de l’air humide.
Dans le ruisseau, l'écrevisse à pattes blanches a disparu, décimée par les maladies apportées par des espèces américaines. De même, la truite domestique tend à supplanter la truite sauvage.
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Le pied de la cascade d'Autoire
Paroi d’eau et de végétal l’été ou mur de glace l’hiver, haute de 30 m, la cascade du Toire attire les curieux. Ses eaux chargées en calcaire transforment toute chose en pierre ! Elles sont pétrifiantes. Habitat naturel rare et protégé, sa paroi est en tuf, une roche particulière ne se formant que dans les ruisseaux du causse.
Sous vos yeux, dans le lit du ruisseau et sur la paroi de la cascade se forme le tuf. Cette roche résulte de dépôts calcaires emprisonnant mousses, feuilles et brindilles qui, avec le temps, se décomposent pour laisser place à des cavités donnant sa structure particulière au tuf : aérée et légère.
Facile à extraire et à tailler, léger, isolant et résistant une fois sec, le tuf est autrefois utilisé comme matériau de construction pour remplir les colombages ou réaliser des voutes.
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Le pont et le moulin du Saut
Vous traversez le Toire sur un pont dont le sol, ou tablier, est fait de grandes dalles de calcaire appelées monolithes. Autrefois, des monolithes posés sur la tranche constituaient les deux gardes-corps. L’un d’elle est encore debout ! Ces dalles ont été extraites dans le versant rocheux juste de l’autre côté de la route.
Sous le pont, vous distinguez une construction qui barre le Toire. Il s’agit d’une chaussée qui déviait les eaux du ruisseau vers un moulin aujourd’hui disparu situé 30 m en aval. Un autre moulin se trouvait à l’aplomb du vide au sommet de la cascade. Taillées dans le tuf, la conduite forcée ainsi que deux des parois intérieures du moulin sont encore visibles.
Un chemin muletier desservait les moulins et permettait de descendre au village. Recouvert des gravats de la route au 19e s., il est rouvert en 2015.
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Un tourisme d'antan
La cascade et le Rocher d’Autoire sont parmi les premiers sites naturels touristique du Lot. Au début du XXème s. un petit belvédère est taillé dans la roche au dessus de la cascade. On y venait en excursion depuis les établissements thermaux d’Alvignac qui reçoivent alors de nombreux curistes attirés par les vertus laxatives des eaux.
Si, au début du XXème s., Autoire et le gouffre Padirac sont des lieux d’excursion prisés des curistes d’Alvignac, l’intérêt pour Autoire est bien plus ancien. Au XVIIème et XVIIIème s. la ville voisine de Saint-Céré, est florissante et ses riches notables se font construire dans le village des hôtels particuliers utilisés comme lieu de villégiature. Le bourg accueille huit manoirs qui témoignent d’une période de grande prospérité.
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La fontaine de Siran
La géologie réserve ici bien des surprises. En général très fissurées, les calcaires du causse ne retiennent pas l’eau en surface. Pourtant, à Siran une fontaine ouvre sur une poche d’eau située à 30 mètres du bord de la falaise et perchée à150 mètres au dessus du ruisseau. Elle ne s’assèche jamais.
La reculée d’Autoire est marquée par deux failles géologiques très proches. A l’échelle de millions d’année, lors de mouvements des terrains situés de chaque coté des failles, une couche de calcaire marneux s’est retrouvée « coincée » à Siran. Cette roche étanche retient une nappe perchée exploitée par la fontaine.
A proximité, la roche affleure au travers du sol mince. C’est un lapiaz, motif géologique typique du causse. Ne pouvant être labourées, ces sols étaient autrefois pâturés.
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Le point de vue
Vous observez le vallon du Toire formant une échancrure dans la bordure du plateau calcaire : c’est la reculée d’Autoire. A son extrémité sud, les mouvements des terrains autour de deux failles géologiques expliquent que les couches rocheuses avoisinantes soient redressées et semblent littéralement plonger vers la cascade.
Le paysage boisé du vallon est récent. Il y a un siècle, avec le surpâturage et la surexploitation du bois pour les usages domestiques, la roche apparait partout. Les coteaux sont plantés de vignes et le fond de vallée accueille des près. Sous vos pieds se termine le Causse (de l’occitan cauce : chaux). En arrière-plan du village, s’étendent le Limargue, la vallée de la Bave, de la Cère et de la Dordogne. L’horizon ponctué de bois sombres de conifères correspond au Ségala, premier palier du Massif central (de l’occitan segal : seigle).
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Les murets en pierre sèche
Les murets bâtis « à pierre sèche » témoignent de l’intense activité agricole du territoire au 19e s. L’objectif est double : débarrasser le sol des cailloux et marquer les limites de propriété. Construit sans mortier, il s’agit d’un habile assemblage de pierres de différentes tailles soigneusement callées.
En empruntant le chemin, vous passez à proximité des ruines de trois fermes essentiellement bâtis en pierre sèche comprenant logis, grange et enclos pour les animaux ou le potager.
Au XIXe s. la population du Lot est deux fois plus importante qu’aujourd’hui. Les besoins en terres agricoles sont tels que mêmes les vires - replats dans la falaise - sont cultivées et équipées de murets pour retenir la terre.
Le Lézard ocellé, géant de 75 cm de longueur, affectionne ces ruines. Soyez patient pour l’observer !
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La falaise
En France métropolitaine, les falaises ont longtemps été l’un des derniers habitats naturels non modifié par l’homme. Aujourd’hui, ici, un sentier et des voies d’escalade occupent 90% de la falaise. La gestion et l’animation du site par le Département du Lot tente de concilier loisir et préservation de la biodiversité.
Orientée à l’est, la falaise capte et restitue la chaleur du soleil. Les figuiers poussant dans les parois témoignent d’un microclimat qui profite à une végétation et à une faune adaptée aux lieux chauds et rocheux. Les insectes et les oiseaux qui les mangent volent ici pratiquement toute l’année, comme l’Hirondelle des rochers présente de février à octobre. Des trous abritent le Hibou grand duc et le Faucon pèlerin, deux rapaces très sensibles aux dérangements qui peuvent conduire à l’échec de la reproduction.
Loin des montagnes, vingt pieds de Daphnée des Alpes poussent dans la falaise. C’est une relique ! Sa présence remonte à la dernière période glaciaire il y a 10 000 ans.
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La Roque d'Autoire (Château des Anglais)
La roque d’Autoire est un ensemble fortifié réparti sur plusieurs vires rocheuses au pied d’une falaise haute de 40 à 50 m et constitué d’une grotte fortifiée perchée, d’un château avec logis et tours et en contrebas des vestiges d’un bourg castral protégé par une enceinte.
Ces fortifications de falaises, appelées dans le Lot « châteaux des Anglais » car elles ont servi de repaires à des bandes de mercenaires pendant la guerre de Cent Ans, sont généralement désignées sous le terme de « rocas ». Elles sont très présentes dans les vallées du Lot (Bouziès), du Célé (Cabrerets) et de la Vézère (La Roque-Saint-Christophe).
Apparues dès le 10e s., les roques ne connaissent qu’une occupation intermittente car leur rôle est d’assurer la surveillance d’un territoire et d’offrir un refuge aux habitants.