Ma randonnée sur le GR65-2 de Rocamadour à Duravel

Un chemin de Saint Jacques méconnu
Sur le chemin de croix à RocamadourSur le chemin de croix à Rocamadour
©Sur le chemin de croix à Rocamadour|A. Fornia - Itinera Magica
Photo d'ArianePhoto d'Ariane
©Photo d'Ariane
Un chemin jacquaire qui fut iconique au Moyen-Âge

100 kilomètres de chemins faciles à travers le Lot, entre cazelles et chapelles, murs de pierres sèches et forêts moussues.

Testé par Ariane de Itinera Magica

Bien sûr, vous connaissez Rocamadour, vertigineuse citadelle que la foi a arrimée au rocher et qui fut l’un des plus importants sanctuaires du Moyen-Âge européen. Mais si Rocamadour a été le but de nombreux pèlerinages, il est aussi une étape majeure sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle.

Pourquoi ne pas arpenter un itinéraire qui fut très renommé il y a mille ans, mais qui est aujourd’hui bien moins fréquenté : le GR65-2 ?

De Rocamadour à Duravel sur les bords du Lot, ce sont 100 kilomètres de chemins faciles à travers le Lot, entre cazelles et chapelles, murs de pierres sèches et forêts moussues, sur un chemin jacquaire qui fut iconique au Moyen-Âge, ce dont atteste un patrimoine millénaire exceptionnel.

Les pèlerins de Rocamadour cheminaient jusqu’à La Romieu par centaines sur ces sentiers aujourd’hui bien balisés par les célèbres marques rouges et blanches.

Ce GR est assez facile : si les étapes sont longues, le dénivelé est très faible, et les chemins ne comportent aucune difficulté technique.

Des étapes emblématiques vous attendent, comme Gourdon, la capitale de la Bouriane et son cœur de ville médiéval, Salviac et son église dédiée aux pèlerins, ou encore la bastide occitane de Montcabrier, et tout un chapelet de beaux villages, d’églises pluriséculaires, de chapelles secrètes et de coquilles suspendues au détour d’un méandre… sans oublier les bonnes tables ancrées dans le terroir du sud-ouest.

Prenez votre coquille, nous partons sur les chemins lotois de Saint-Jacques de Compostelle !

Votre point de départ : Rocamadour

Un véritable trésor lotois ! « L’espérance ferme comme le roc », telle est la devise de Rocamadour, et cela se conçoit aisément quand on admire l’architecture vertigineuse de cette citadelle funambule enchâssée dans la pierre dorée du causse. Dès la découverte du corps miraculeusement préservé de Saint Amadour dans une grotte, Rocamadour devint un des lieux de pèlerinage les plus importants de l’Europe chrétienne. Chevaliers, papes et rois comme Saint Louis vinrent gravir à genoux le grand escalier taillé à même la falaise, et une étonnante Vierge Noire habite le sanctuaire : on dit que la cloche de sa chapelle se met à sonner toute seule quand un bateau est en détresse au loin, et que les marins qui l’invoquent sont sauvés des naufrages. Les miracles abondent et Rocamadour aimante les foules. Aujourd’hui encore, touristes et pèlerins se mêlent dans ce lieu auréolé de puissance et de mystère. Si Rocamadour est l’un des incontournables absolus quand on visite le Lot, ce n’est pas pour rien : entre beauté visuelle, force de l’histoire et atmosphère mystique, impossible de rester insensible.
Si vous étiez déjà en chemin sur les sentiers de randonnée jacquaires du Lot, peut-être marchiez-vous sur le très beau GR6, de Figeac à Rocamadour

A la sortie de Rocamadour, il vous faudra délaisser le GR46, qui se dirige vers le Sud en direction de Saint-Cirq-Lapopie, et continuer vers l’Ouest en direction du Vigan. Vous marchez désormais sur le GR65-2. Si de nombreux randonneurs arpentent le classique GR65, cet itinéraire bis reste une pépite méconnue, où vous ne croiserez pas grand monde : idéal pour qui rêve d’un chemin un peu plus secret ! Mais pensez bien à planifier votre itinéraire et réserver vos hébergements, ils ne sont pas aussi nombreux que sur le GR65.

> Suggestion pour la nuit :  La Maison des 4 chemins

Rocamadour – Le Vigan

26,5 km

Cette première étape est une journée calme et douce pour se mettre en jambes. Pas de patrimoine exceptionnel aujourd’hui sur le chemin, il faut reposer ses yeux après l’éblouissement esthétique de Rocamadour, mais de beaux chemins en pleine nature. On longe l’Alzou pour quitter Rocamadour au cœur du parc naturel régional des Causses du Quercy, entre falaises aux teintes chaudes, forêt moussue et plans d’eau bucoliques. On chemine sur des sentiers sablonneux très doux, et si la traversée du pont de l’autoroute nous rappelle soudain que nous sommes bien au XXIe siècle, tout le reste de la journée se déroule dans un décor intemporel de prairies, de bois et de maisons isolées au fil de l’eau.

Après une journée sans traverser de villages, l’arrivée au Vigan est la première halte patrimoniale importante. Erigée entre XIVe et XVe siècles, l’église Notre-Dame de l’Assomption séduit par sa façade dorée ornée d’une large rosace, et par son architecture gothique sophistiquée : plusieurs chapelles et absides viennent croiser leurs ogives sur la haute voûte de la nef. L’effet d’élévation est saisissant et le résultat, de toute beauté.
Dans un décor de campagne riante au milieu des chevaux et des vaches, on se repose pour la journée du lendemain, la plus spectaculaire…

> Suggestion pour la nuit :  Le Moulin de Planiol

Le Vigan – Salviac

27,5km

Cette journée est celle de tous les émerveillements !
Après avoir cheminé quelques kilomètres à travers bois et champs, on voit de loin surgir les tours de Gourdon, la capitale de la Bouriane. A la croisée du Quercy et du Périgord, cette cité de drapiers et de tisserands a tenu tête aux Anglais durant la guerre de Cent Ans, et a su garder intact son cœur médiéval. Il faut absolument prendre le temps de remonter la rue de Majou et d’arpenter les rues piétonnes de la ville haute de Gourdon. Dans un dédale pittoresque qui vous transporte illico au XIVe siècle, on trouve des jardins médiévaux restaurés par un collectif passionné, d’impressionnantes maisons de marchands, et des échoppes à la devanture préservée, qui ont un délicieux goût de capsule temporelle. Des bulles de verdure aménagées et poétiques se nichent au détour de chaque rue, et les enfants (et les grands enfants) adoreront les topiaires de ces jardins, taillés aux formes d’animaux et d’insectes. Au-dessus de l’église Saint-Pierre au très beau chœur gothique, le belvédère de la table d’orientation offre un superbe point de vue sur les tours, les toits et les colombages de la cité historique.

 

Après Gourdon, le GR devient de plus en plus beau : pontons aménagés au-dessus de petits étangs et tourbières, guirlandes de mousses, cazelles de pierres sèches agrémentent la marche jusqu’à L’Abbaye Nouvelle. C’est le décor d’un roman gothique où on imaginerait presque fantômes et spectres, si le soleil du Lot ne dissipait pas les brumes : l’Abbaye Nouvelle est en réalité une ruine monumentale, vestige d’un monastère cistercien fondé au XIIIe siècle. Ce monument colossal ne se remettra jamais vraiment des dommages infligés par la guerre de Cent Ans, mais les fouilles archéologiques ont montré qu’il avait accueilli pendant des siècles et en grand nombre les pèlerins en marche vers Compostelle : nous sommes réellement sur un itinéraire historique majeur du pèlerinage, qui reliait Rocamadour à Condom par Agen.

Cette puissance historique du GR65-2, c’est Salviac qui la montre le mieux. Imaginez : l’église Saint-Jacques-le-Majeur de Salviac, édifiée au XIIIe siècle, pouvait accueillir plus de mille personnes ! Fait rarissime : derrière l’autel au cœur du chœur, ce n’est pas Jésus qu’on trouve en majesté, mais l’apôtre Jacques le Majeur, celui qui repose à Compostelle. Cette église majestueuse est l’une des plus belles de ce GR, et un pur régal pour les amoureux d’histoire jacquaire : bornes, vitraux, lanterne des pèlerins, tout raconte l’histoire de ce chemin hors normes et des marcheurs courageux qui ont sillonné l’Europe médiévale. Devant l’église, une statue à la silhouette de pèlerin est un joli clin d’œil.

> Suggestion pour la nuit :  Chez Marie-Aline Ferrant – 06 35 25 27 25

Salviac – Frayssinet-le-Gélat

20 km

Cette étape est sans doute la plus jolie en termes de nature. Les grandes forêts de fougères et de bruyères roses, aux allures presque écossaises, nous montrent que nous avons quitté le pays calcaire des causses, et que nous descendons vers les terres plus acides de la vallée du Lot. Au milieu des murets de pierres sèches, la végétation change et l’eau revient : de beaux étangs, notamment celui de Cazals, invitent à la détente au bord de l’eau.

Cazals est une halte qui a beaucoup de charme. La chapelle Jean Gabriel Perboyre, avec son cadran solaire du XVIe siècle, sa coquille et sa statue de pèlerin, s’ancre elle aussi dans la tradition jacquaire. Nous retrouvons de nombreuses coquilles Saint-Jacques sur le chemin aujourd’hui, elles qui sont si fréquentes sur le GR65, mais que nous avions moins vues avant Salviac.
Au cœur du beau village de Cazals à l’architecture si typique du Lot, avec ses tours carrées, ses pierres dorées et ses toits de lauze, la place principale respire la dolce vita occitane – difficile de résister à la tentation du petit café au soleil !

Une dizaine de kilomètres plus loin, la prochaine halte est à Frayssinet-le-Gélat, avec son étonnante église Sainte Radegonde, construite au XIIe siècle, qui a de loin l’allure d’un donjon dressé au milieu des plaines du Lot. Les ruelles couvertes aux allures de passage secret renforcent cette impression de château fort : ce très joli village est surprenant !

> Suggestion pour la nuit :  Le Clos de la Thèze à Frayssinet-le-Gélat

Frayssinet-le-Gélat – Port-de-Vire

25 km

C’est notre dernier jour de marche, et elle nous réserve encore une fois de véritables pépites patrimoniales. Montcabrier est l’occasion de découvrir les bastides occitanes si typiques de la région, des villes nouvelles conçues à la fin du Moyen-Âge pour servir le commerce et favoriser les échanges avec leur plan géométrique. Bastide royale, Montcabrier fut fondée au XIIIe siècle par le sénéchal du Quercy. Avec ses façades à échauguettes, ses fenêtres à arches brisés gothiques et sa très belle église Saint-Louis au tympan flamboyant datant du XIIIe siècle, Montcabrier a fière allure !
Le village suivant, Saint-Martin-le-Redon, mérite lui aussi une halte : avec son allure de donjon et sa hauteur impressionnante, l’église Saint Martin (XIIe siècle) détonne au milieu des jolies ruelles fleuries.

Le dernier village-trésor de notre marche est la gallo-romaine Duravel, un des bijoux de la vallée du Lot avec sa majestueuse église romane Saint-Hilarion, fondée au XIe siècle par des moines venus de l’abbaye de Moissac (une autre halte jacquaire !), et qui contient les reliques de plusieurs saints anachorètes des premiers siècles chrétiens, notamment le fameux Hilarion, un ermite du IIIe siècle. Le prestige de cette église au Moyen-Âge se reflète dans son architecture grandiose, et tout le bourg est organisé autour d’elle – un dernier délice médiéval avant de revenir à notre siècle !

Nos ultimes kilomètres nous amènent jusqu’aux rives du Lot, à Port-de-Vire. En franchissant la rivière, nous arrivons dans le Lot-et-Garonne voisin. Notre randonnée s’achève ici, mais nous aurions pu la poursuivre de plusieurs façons :
– Nous aurions pu continuer sur le GR65-2 jusqu’à La Romieu via Tournon d’Agenais et Agen, avant de rejoindre le GR65.
– Nous aurions pu remonter le cours du Lot jusqu’à Cahors via le GR36 qui traverse la vallée du Lot en passant par le beau village de Puy l’Evêque, pour reprendre à Cahors le GR65 en direction de Montcuq et de Moissac.

Nous avons beaucoup aimé ces 100km sur le GR65-2, empreinte de calme, de douceur et riche d’un patrimoine exceptionnel. Si les chemins de Saint Jacques vous tentent, pourquoi ne pas tenter cette variante lotoise peu fréquentée mais si riche d’histoire ?

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le blog de Itinera Magica

À retenir

100 km

4 jours

Facile

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